Avec Alain Martinat nous avons participé mardi dernier à la Journée de la Filière Automobile organisée par la PFA en partenariat avec les Echos.
Une journée riche, passionnante et indispensable qui a réuni les grands patrons de la filière automobile : constructeurs (François Provost Renault et Antonio Filosa Stellantis), les équipementiers (Christophe Périllat Valeo et Michel de Rosen Forvia), le président de l’ACEA Ola Källenius (et CEO de Mercedes), les distributeurs à travers Francis Bartolomé – Mobilians et bien sûr le président de la PFA, Luc Chatel.
Ils ont tous montré un alignement total et c'est récent car les positions de Renault et Stellantis n'étaient pas alignées lors de la conférence de la PFA au dernier Mondial de l'Automobile 2024
- la situation du marché automobile européen est grave :
- l’Europe est la seule région du monde qui n’a pas retrouvé les niveaux de marché d’avant Covid,
- l’électrification à marche forcée imposée par l’Europe ne se passe pas au rythme prévu car « on n’a pas tenu compte de ce que veulent les Clients, ce dont ils ont besoin, et ce qu’ils ont les moyens d’acheter » (A Filosa).Conséquence, le parc automobile européen vieillit (plus de 12 ans) ce qui retarde grandement sa décarbonation ! Ceci est encore plus vrai sur les Véhicules utilitaires Légers (VUL).
- l’urgence absolue de décisions politiques tant au niveau français qu’au niveau européen pour assurer l’avenir de l’industrie automobile en Europe : « L’Europe doit changer de logiciel » (F Provost).
Les décisions attendues sont principalement dans deux domaines:
-
l’assouplissement de la réglementation, avec un mot d’ordre commun : la flexibilité.Flexibilité sur les échéances en matière de réglementation d’émission de CO2, sur les solutions techniques, sur le niveau des normes pour certaines catégories de véhicules, … tout en gardant la priorité de décarboner.De nombreuses solutions réalistes ont été proposées :
-
alternatives techniques au tout électrique,
-
« petit véhicule abordable » électrique, avec réglementation allégée, autour de 15.000 Euro,
-
stabilité réglementaire et fiscale : « la France a connu depuis 2017 20 changements de fiscalité sur l’automobile » (F Bartolomé).
-
découplage des VUL et VP : la situation sur les VUL est critique, si les règles ne sont pas assouplies dès 2026, les constructeurs devront réduire leur volume pour éviter de fortes amendes, alors même que la France est le principal pays producteur en Europe
« L’Europe est la championne des normes : 25% des ingénieurs de Renault travaillent pour les respecter » (F Provost)!
-
-
la protection de la filière vis-à-vis notamment d’une Chine :
-
conquérante : 1er marché automobile mondial, 1er producteur mondial et depuis peu 1er exportateur mondial
-
maitrisant l’ensemble de l’ecosystème : de l’extraction des matières (la Chine est la source unique d’approvisionnement mondial pour 17 d’entre elles) jusqu’à la fabrication des batteries et des véhicules électriques
-
hyper agile : avec des temps de développement d’un nouveau véhicule de 2 ans contre 3 à 4 ans en Europe
-
hyper compétitive :
« depuis 2019, la compétitivité des constructeurs chinois vs européens a augmenté de 35 points » (C Périllat).
« L’Europe se protège mal et il faut en finir avec l’angélisme » (M de Rosen).
A l’image justement de la Chine qui le pratique depuis 30 ans et des Etats Unis beaucoup plus récemment, la solution est la mise en place derègles de contenu local qui doivent être « simples, ambitieuses et fortes » (M de Rosen).
Ces 2 actions majeures associées à une vision long terme portée et supportée par l'Europe devraient permettre à l'automobile européenne de (re)trouver une compétitivité, indispensable pour assurer son avenir et se battre à armes égales avec ses principaux concurrents sur la scène mondiale.
Les politiques ont eu la parole à travers le Ministre de l’Economie Roland Lescure et le Vice Président de la Commission Européenne, Stéphane Séjourné.
Nous retiendrons, parfois entre les lignes :
- des négociations sont en cours entre la France et l’Allemagne pour chercher un compromis (mot très à la mode en politique actuellement) permettant d’aligner des positions qui ne le sont pas à ce jour sur les demandes à la Commission Européenne
- les annonces de la Commission Européenne attendues le 10 décembre pourraient marquer plusieurs avancées importantes.A suivre.
Jean-Pol Mourot
LEA Partners


